Le nom de la société Alpine, créée en 1955, provient des succès en rallyes dans les Alpes de son fondateur
Jean Rédélé, au volant de 4 CV Renault.
Tous les modèles sont développés et construits à l'usine de Dieppe.
Renault rachète Alpine en 1973, la marque devient Alpine - Renault.
L'architecture traditionnelle des automobiles était moteur à l'avant suivi de la boîte de vitesses puis de l'arbre de transmission au pont arrière (propulsion), avec l'inconvénient d'encombrer l'habitacle. D'où deux solutions :
La première Alpine, lancée en 1955 (250 voitures construites jusqu'en 1961), adopte la motorisation,
la plateforme et des pièces de la 4 CV Renault (on reconnaît sur les photographies les ouïes d'aération,
feux arrière, bouchon de radiateur...). La carrosserie est en fibre de verre - polyester fixée sur le châssis.
Trois versions : coach, coupé et cabriolet.
Elle brille dès ses débuts dans les épreuves sportives routières.
Le moteur (747 cc, 21 ou 38 ch SAE selon la carburation), 4 cylindres en ligne chemisés, vilebrequin à 3 paliers, un arbre à cames latéral, est pourvu d'une culasse en alliage léger et placé en porte-à-faux arrière, architecture qui sera conservée sur tous les modèles suivants. Les trains roulants sont ceux de la 4 CV, suspension à roues indépendantes : triangles superposés à l'avant, demi-essieux oscillants à l'arrière, ressorts hélicoïdaux et amortisseurs ; direction à crémaillère, freins à tambours, boîte Renault à 3 vitesses ou une boîte spéciale à 5 rapports en option.
Elle succède à la A106 en 1958 (jusqu'en 1965, environ 350 exemplaires produits), la motorisation est celle de la Renault Dauphine. Toujours trois versions de carrosserie. De simple évolution de la A106, elle est basée en 1960 sur un châssis-poutre (avec berceau avant supportant la direction et arrière supportant l'ensemble moteur, boîte et train) que l'on retrouvera pour tous les modèles suivants, apparaît aussi le type "Berlinette", son avant préfigure celui de la A110.
Trois moteurs (845, 904 et 998 cc de 37, 53 et 70 ch SAE) associés à une boîte à 3, 4 ou 5 rapports ; freins à tambours.
Lancée en 1962 elle reprend les motorisations et pièces des Renault R8 et enfin le moteur
de la R16 TS. Sa fabrication prend fin en 1977, après 7 600 voitures commercialisées, dont 6 900 berlinettes.
Elle collectionne les victoires en rallyes et courses de côte dans les années 1960 - 1970.
La coque est en fibre de verre - polyester, fixée sur le châssis-poutre. Trois modèles sont proposés :
coupé GT4 (2+2 places) et cabriolet, plutôt rares, et surtout Berlinette, en plusieurs couleurs blanc, jaune,
rouge... et bien sûr le bleu Alpine.
Le train arrière est toujours avec deux demi-essieux oscillants et doubles amortisseurs, la suspension
avant à deux triangles superposés, direction à crémaillère. Les freins à disques remplacent les tambours.
Des modifications de détail seront apportées à la carrosserie de la Berlinette au cours des ans.
Enfin, les 1600 SC, SI et SX adopteront les jantes et la suspension arrière à jambes de force de la A310.
Les premiers moteurs sont ceux de la Renault R8 (956 et 1108 cc), puis de la R8 Gordini (1108, 1149, 1255
et 1296 cc) et enfin de la R16 TS (1565 cc). Les puissances vont de 88 ch DIN pour la version 1300 G à 122 ch DIN
pour la 1600 S. Des préparations spéciales dépassent ces valeurs (cylindrée de 1,8 litre,
suralimentation par turbo-compresseur).
Les dernières versions utilisent les 1,6 litre de la R17 Gordini (1605 cc) et de la R16 TX (1647 cc),
sans gain de puissance.
Tous ces moteurs, produits à l'usine de Cléon, sont des 4 cylindres en ligne chemisés, vilebrequin à 5 paliers,
bloc fonte jusqu'aux 1300 puis bloc alliage léger pour les 1600, un seul arbre à cames latéral, 2 soupapes par
cylindre, culasse hémisphérique suivant la motorisation.
L'allumage est classique par bobine et rupteur / distributeur.
Boîtes manuelles à 4 rapports (5 en option sur les 1300) puis 5 sur les 1600.
La puissance était exprimée autrefois en chevaux SAE, norme américaine, mesurée moteur sans accessoires (ventilateur, alternateur, etc.). Depuis on utilise la norme DIN, la puissance est mesurée le moteur ayant tous ses accessoires (le tableau ci-dessous est en DIN), ce qui fait une différence importante. Par exemple, la R8 G 1300 était donnée pour 110 ch SAE, mais seulement 88 ch DIN, soit 20% de moins.
année | type | cyl. | ch | moteur |
1963 | 956 | 956 | 44 | R8 |
1964 | 70 | 1108 | 58 | R8 Major, un carburateur double corps |
1965 | 100 | 1108 | 77 | R8 G, deux doubles carburateurs Weber |
1966 - 1968 | 1150 | 1149 | 92 | R8 G, deux doubles carburateurs Weber |
1966 - 1971 | 1300 G | 1255 | 88 | R8 G, deux doubles carburateurs Weber |
1967 - 1971 | 1300 S | 1296 | 102 | R8 G, adaptation Marc Mignotet |
1967 | 1500 | 1470 | 75 | R16, un double corps Solex |
1968 | 1600 | 1565 | 92 | R16 TS, deux doubles carburateurs Weber |
1970 - 1973 | 1600 S | 1565 | 122 | R16 TS, deux doubles carburateurs Weber |
1972 - 1975 | V85 | 1289 | 72 | R12 TS, un double corps Weber |
1973 - 1975 | 1600 SC | 1605 | 122 | R17 G, deux doubles carburateurs Weber |
1973 - 1975 | 1600 SI | 1605 | 122 | R17 G, injection électronique Bosch |
1976 - 1977 | 1600 SX | 1647 | 95 | R16 TX, un double corps Weber |
La Berlinette est construite au Brésil (marque Interlagos, 1 500 voitures produites), en Espagne (FASA, filiale de Renault, 1 900 exemplaires), au Mexique (marque Dinalpin, 700 ex.) et en Bulgarie.
La "Gorde", la R8 Gordini qui a donné ses moteurs à la Berlinette :
A partir de 1963 René Bonnet construit la Djet, un coupé 2 places, carrosserie en fibre de verre - polyester sur
châssis-poutre puis treillis tubulaire, moteurs Renault en position centrale.
Reprise par Matra, cette voiture devient la Matra-Bonnet Djet puis Matra-Sports Jet. La motorisation est
celle des R8 Gordini (1108 et 1255 cc) avec une boîte 4 vitesses. Sa production cesse en 1968.
Les modèles suivants, 530, Bagheera et Murena, abandonnent les moteurs Renault.
La Lotus Europa, produite de 1966 à 1975, est un coupé 2 places, carrosserie en fibre de verre - polyester sur châssis-poutre. Elle utilise les moteur et boîte de vitesse de la Renault R16 (1470 cc, position centrale).
Lancée en 1971 et produite jusqu'en 1985 (2 355 voitures avec moteur 4 cyl. et 9 200 avec le V6). Alpine
propose une voiture plus confortable et plus civilisée que la A110 spartiate et exigeante en conduite.
C'est un coupé qui offre 2 petites places à l'arrière. Les premières carrosseries ont un vitrage à l'avant
qui protége les feux de route, de longue portée et anti-brouillards ; abandonné sur les V6, les anti-brouillards
sont placés au niveau du pare-choc.
Elle remporte des succès notables en compétition.
C'est la dernière Alpine voulue par Jean Rédélé, les suivantes sont décidées par Renault.
Elle reprend le 1605 cc de son aînée (toujours un arbre à cames latéral) de 95 à 125 ch DIN, adopte l'injection électronique 3 ans plus tard, puis en 1977 un V6 PRV (Peugeot-Renault-Volvo), un arbre à cames en tête par branche du V, deux soupapes par cylindre, de 2664 cc, 150 ch DIN et enfin de 2849 cc, 193 ch DIN, montés en porte-à-faux arrière, boîte manuelle à 5 rapports. La suspension avant est à triangles superposés, arrière à jambes de force qui sera remplacée en 1981 par le montage des trains roulants de la R5 Turbo (triangles superposés) ; freins avant à disques ventilés pour les 1600, avant et arrière pour les PRV.
Sa silhouette aurait inspiré celle de la De Lorean (moteur V6 PRV), la voiture du film Retour vers le futur (Robert Zemeckis, 1985).
année | type | cyl. | ch | moteur |
1971 - 1973 | 1600 VE | 1605 | 125 | R17 G, deux doubles carburateurs Weber |
1974 - 1976 | 1600 VF | 1605 | 125 | R17 G, injection Bosh D-Jectronic |
1976 | 1600 VG | 1647 | 95 | R16 TX, un double corps Weber |
1977 - 1985 | 2700 VA | 2664 | 150 | PRV, un carburateur simple plus un double corps Solex |
1983 - 1985 | 200 ch | 2849 | 193 | PRV, deux triples carburateurs Weber |
Produite de 1985 à 1991 (6 050 véhicules), carrosserie toujours en fibre de verre - polyester sur châssis-poutre ; l'avant garde un air de famille avec la A310, l'arrière est redessiné.
Deux moteurs V6 PRV : une version atmosphérique de 2849 cc, alimentation par un carburateur simple plus un double carburateur, 160 ch DIN, et des versions suralimentées par turbo-compresseur de 2458 cc, injection électronique, 200 ch, montés en porte-à-faux arrière, boîte 5 vitesses. Les suspensions sont à triangles superposés, direction à crémaillère assistée sur les dernières versions, pneus semi-taille basse puis taille basse ; freins à disques ventilés, ABS en option puis de série sur les derniers modèles.
La dernière Alpine produite à Dieppe de 1991 à 1995 (800 exemplaires), avec la même conception de carrosserie et châssis que les modèles précédents. Le design reste proche de celui de la GTA, s'en distinguent les phares escamotables.
Deux moteurs V6 PRV de 3 litres, de 250 et 280 ch, suralimentés par turbo-compresseur Garrett, injection électronique, montés en porte-à-faux arrière, boîte 5 vitesses. Direction assistée, freins à disques ventilés et ABS de série.
La petite dernière : 40 ans après l'arrêt de la A110, Renault présente un nouveau coupé de sport reprenant
la dénomination A110 (A120 envisagée au début), sous la marque Alpine. L'esthétique de la carrosserie en alliage
léger, qui rappelle son aînée, est remarquablement réussie (ses formes ressortent mieux en bleu Alpine). Par
contre l'intérieur aurait pu être d'une élégance plus sobre...
La suspension est à triangles superposés avant et arrière, freins à disques avec des étriers Brembo.
Elle possède tous les équipements des voitures haut de gamme actuelles : direction assistée,
ABS, ESP, radio, GPS, radar de stationnement, climatisation, etc...
Le moteur est le 4 cylindres en ligne M5PT de Renault, 1798 cc de cylindrée, monté en central (bloc en transversal). Il bénéficie des dernières technologies : 2 arbres à cames en tête, 16 soupapes, injection directe et allumage électroniques, suralimentation par turbo-compressseur donnant 252 ch DIN à 6000 tr/mn et 320 Nm de couple à 2500 tr/mn, et est associé à une boîte robotisée à double embrayage Getrag de 7 rapports. Et écologie oblige, il respecte la norme Euro 6.
La A110 S est annoncée en juin 2019 : la puissance passe à 292 ch, le couple reste à 320 Nm mais sur une plage de régime plus étendue.
La puissance d'un moteur est le couple multiplié par la vitesse de rotation (en kilowatts sur la carte grise, en chevaux : 1 ch = 0,736 kW). Pour accroître la puissance, à cylindrée égale, il faut augmenter la quantité de mélange air - essence introduit :
année | modèle | cyl. | ch | ch / l | kg / ch | |
1970 | A110 1600 S | 1565 | 122 | 78 | 5,6 | doubles carburateurs |
1986 | 205 GTI 1,6 | 1580 | 105 | 66 | 8,1 | injection indirecte |
1987 | R21 turbo | 1995 | 175 | 88 | 6,9 | injection indirecte, turbo |
1994 | 306 S16 | 1998 | 155 | 78 | 7,5 | inject. ind., 4 soupapes / cyl. |
2010 | DS3 THP 156 | 1598 | 156 | 97 | 8,1 | inject. directe, 4 soupapes, turbo |
2017 | A110 - 2017 | 1798 | 252 | 140 | 4,4 | "" "" |
Les photographies des A106, A110 et A110-2017 (carrosseries blanches) de cette page ont été prises au salon Rétromobile de 2017 à Paris, où on pouvait voir sur le même stand l'aïeule A106, la vedette A110 et la petite dernière ; les autres photographies aux rassemblements de Pôle Collection à Vertou (Loire Atlantique).
© G. Navarre, 2019. Màj 13/10/2024.